Nature: L’avenir de l’environnement africain
Toute l’économie de l’Afrique repose sur ses ressources naturelles, qui constituent aussi le système de survie de la majeure partie de sa population. Comme la plupart des Africains sont directement tributaires de ces ressources pour assurer leurs moyens d’existence, ils sont particulièrement vulnérables aux changements environnementaux.
Depuis trente ans,
l’environnement de l’Afrique ne cesse de se détériorer et la pauvreté augmente
malgré les initiatives prises par les gouvernements pour essayer de freiner et
d’inverser cette dégradation.
Autrefois, les Africains
possédaient des stratégies éprouvées leur permettant de faire face au
changement. Aujourd’hui, la pauvreté a émoussé cette aptitude et aggravé leur
vulnérabilité. Cette vulnérabilité accrue augmente alors la pression sur
l’environnement. C’est un cercle vicieux. Les échecs des cultures liées à une
sécheresse récurrente et le coût élevé du service de la dette l’intensifient
encore.
La Conférence
ministérielle africaine sur l’environnement a demandé au PNUE de
coordonner la publication du premier grand rapport sur l’état de
l’environnement africain. Africa Environment
Outlook fait un bilan de l’environnement du continent et
présente quatre scénarios possibles pour l’avenir :
- Le scénario des forces commerciales : ce sont elles qui
déterminent les relations socio-économiques et l’avenir de l’Afrique
dépend des effets de la mondialisation.
- Le scénario de réforme des politiques : de fortes politiques
sociales et environnementales tempèrent les prescriptions commerciales.
- Le scénario du monde retranché : le monde ne tient pas compte du
besoin impératif de réformes en faveur de l’environnement, l’élite
minoritaire se retranche dans des enclaves protégées et la plupart des
gens connaissent de grosses difficultés et vivent dans la pauvreté.
- Le scénario des grandes transitions : les défis de la durabilité
débouchent sur l’élaboration d’un nouveau paradigme.
L’étude montre que la
population, l’exode rural et le déboisement augmenteraient plus vite dans le
cas du scénario du monde retranché, la richesse augmentant plus lentement. Par
contre, le scénario des grandes transitions est celui qui obtiendrait les
meilleurs résultats dans ces trois domaines.
La conclusion du rapport est la
suivante : « Les gouvernements africains doivent s’engager plus avant
à résoudre les problèmes environnementaux, en intégrant d’autres priorités de
développement, comme la pauvreté »
Désertification
La désertification touche 46 % de l’Afrique et affecte quelque 485 millions d’Africains. Plus de 2 millions d’hectares des hautes terres éthiopiennes sont irrémédiablement dégradés. Une bonne partie du continent est particulièrement vulnérable : les trois quarts du Kenya, par exemple, sont arides ou semi-arides, et la Mauritanie est à 93 % hyper aride. L’érosion des sols et la désertification sont en augmentation et le problème est susceptible de s’intensifier dans les trente ans à venir, puisque la démographie continue à progresser et que le climat est de plus en plus variable.
Eau douce
La pénurie d’eau douce et sa qualité médiocre sont les deux plus grands freins du développement africain. Ils limitent l’agriculture et l’industrie et provoquent des maladies d’origine hydrique, fardeau très lourd pour l’Afrique. Il est probable que la situation s’aggravera encore avec le changement climatique. Les études effectuées par le Groupe intergouvernemental d’experts pour l’étude du changement climatique suggèrent que la pluviométrie baissera encore dans les zones déjà arides d’Afrique de l’Est et du Sud, et dans le nord de l’Afrique centrale, aggravant ainsi la sécheresse et la désertification. En Afrique de l’Ouest, la pénurie d’eau devrait frapper le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, la Mauritanie, le Niger et le Nigeria d’ici à 2025.
Diversité
biologique
Six des 25 « points chauds » mondiaux de la diversité biologique internationale se situent en Afrique. A Madagascar, quatre plantes à fleurs sur cinq sont endémiques – le pays est le sixième du monde en matière d’endémie. Au cours des trente dernières années, la protection de la diversité biologique s’est renforcée et depuis peu, l’accent commence à être mis sur son utilisation durable et sur le partage de ses bénéfices. Pourtant, elle continue à décliner.
Forêts
Les forêts couvrent environ 22 % de la région mais elles sont en train de disparaître plus rapidement que partout ailleurs dans le monde en développement. Au cours des années 1980, l’Afrique a perdu 10,5 % de ses forêts. Ce sont elles qui protègent et stabilisent les sols, recyclent les nutriments et régulent la qualité et l’écoulement des eaux. Elles rendent également service au monde entier en absorbant le dioxyde de carbone qui contribuerait autrement à accélérer le réchauffement mondial : elles couvrent 45 % de l’Afrique centrale, le bassin du Congo abritant la deuxième forêt du monde de par sa superficie. Des réserves ont été créées, mais la pression sur la forêt reste importante.
Zones
urbaines
Plus de trois Africains sur cinq vivent encore en zone rurale, mais le taux d’exode – 3,8 % par an – est un des plus élevés du monde. Au Malawi, il atteint 6,4 %. Les bidonvilles se multiplient et les gouvernements et les autorités locales ne sont pas en mesure de répondre aux besoins croissants en matière de logements et de services fondamentaux.
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