International: Entre France et Italie, la brouille sur les migrants
A la veille du sommet de Bruxelles, la posture de Paris et son refus d’accueillir davantage de réfugiés suscite une profonde amertume à Rome, où l’extrême droite s’est saisie de la question.
Casse-tête
à Vingt-Huit, la question migratoire va être réfléchie en comité restreint,
dimanche 24 juin, à Bruxelles, avant le sommet européen des 28 et 29 juin. Si
le sujet est plus simple à discuter en groupe resserré, le consensus semble
loin d’être acquis. Rome a déjà réfuté les projets de conclusions préparées par
les services de Bruxelles. Les relations du nouveau gouvernement italien avec
les autres membres de l’Union s’annoncent compliquées, surtout si la France et
l’Italie se livrent déjà depuis quelque temps un match difficile.
Les
démonstrations d’affection affichées à l’issue de la rencontre d’Emmanuel
Macron et du premier ministre italien, Giuseppe Conte, le 15 juin, ne trompent
pas grand monde. Cette rencontre, certes chaleureuse, n’a en effet rien effacé.
Ni les traces laissées par la dénonciation macronienne du « cynisme » et de «
l’irresponsabilité du gouvernement italien » après que Rome a refusé à
l’Aquarius de débarquer 629 migrants dans un de ses ports, le 12 juin, ni la
réponse du ministre de l’intérieur, Matteo Salvini, qui avait affirmé, avec le
soutien d’une écrasante majorité de l’opinion italienne, qu’il n’entendait pas
« accepter de leçons hypocrites de pays ayant préféré détourner le regard en
matière d’immigration ».
L’échange,
particulièrement vif, avait provoqué la convocation de l’ambassadeur de France
à Rome, une procédure plus qu’inhabituelle entre pays amis. Tout aussi insolite
était le fait que le même ambassadeur avait déjà été convoqué au ministère des
affaires étrangères, moins de trois mois plus tôt, avant même l’arrivée au
pouvoir de Matteo Salvini. En effet, le 30 mars, l’Italie avait accusé des
douaniers français d’être entrés sans permission dans un local d’une
association d’aide aux migrants, en gare de Bardonecchia, juste derrière la
frontière, pour effectuer une recherche de stupéfiants sur un migrant nigérian
en situation régulière.
Par
Jérôme Gautheret (Rome, correspondant) et Maryline Baumard (lemonde.fr)
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